L’anti-blues de René

René, 83 ans, est notre dernier transcripteur braille en activité. Ce « trésor vivant » habite en Haute-Provence, sur les bords de la Durance et pique du braille depuis plus de 50 ans.

René fait partie de ces personnages rares qui, d’un seul coup de téléphone, ensoleillent votre journée. Bien sûr, sa pointe d’accent du Sud, si chaleureuse, y participe mais c’est avant tout son humanité souriante qui transparaît dans sa conversation, même lorsqu’il s’agit simplement de renouveler son stock de papier braille !

C’est avec son épouse, Michèle, qu’il a commencé à transcrire des ouvrages en braille. Michèle, qui enseignait l’anglais dans un collège, a dû cesser toute activité professionnelle à la suite d’un grave accident en 1968. L’une de ses collègues, Madame Réal, lui a proposé d’adapter des livres en braille pour la bibliothèque de La Cause. René a voulu aider son épouse et s’y est intéressé, lui aussi.

Tous deux se sont formés seuls et ont produit nombre d’ouvrages en braille. À l’époque, ce sont des bénévoles comme René et Michèle qui, grâce à leur travail de transcription, assuraient l’enrichissement des collections de la bibliothèque. À l’aide d’un poinçon et d’une tablette, ils ont embossé bien des pages pour permettre aux lecteurs braillistes de disposer de livres adaptés.

Tablette de transcription du braille

Avec les progrès de l’informatique sont apparues les premières embosseuses accessibles financièrement et techniquement fiables : en 2016, La Cause a investi dans une machine de ce genre. Les performances de l’embosseuse Index-Everest sont remarquables en terme qualitatifs et quantitatifs mais, pour certains livres, le travail de notre cher René reste indispensable.

En plus d’une vie professionnelle bien remplie — il a dirigé le service de chromatographie du laboratoire d’une usine Pechiney — René s’est beaucoup investi dans le club de judo de Saint-Auban dont il a été président. Ceinture noire à 19 ans, il s’est retiré des tatamis il y a une vingtaine d’années, après avoir formé beaucoup de petits judokas.

Après le décès de Michèle en 2003, René s’est trouvé bien seul et, bien qu’il soit entouré de personnes attentives, il traverse de temps en temps des moments de « blues ». Son remède : transcrire, encore et toujours ! Se concentrer sur le texte à transcrire, effectuer les gestes de l’embossage, c’est ce qui lui permet de tenir la mélancolie éloignée. Mais il apprécie aussi les discussions entre amis qu’il colore de son humour bienveillant. Si vous habitez en Haute-Provence, René sera très heureux de faire votre connaissance et peut-être de lier de nouvelles amitiés via La Cause.

Aveugles Fondation La Cause