« Ne vous contentez pas d’écouter la Parole, mais mettez-la réellement en pratique ! »

Tel est le conseil avisé que Jacques prodigue aux chrétiens auxquels il adresse sa lettre (Jq 1.22). On se souvient que Martin Luther, grand découvreur du salut par grâce, n’appréciait pas cette épître de Jacques au motif qu’elle met trop l’accent sur les œuvres. 

En effet, un des principaux motifs que l’on trouve dans cette épître est de dire que sans les œuvres la foi est morte. Mais Jésus lui-même ne tenait pas un discours très différent : « Ce ne sont pas tous ceux qui me disent ‘Seigneur, Seigneur’ qui entreront dans le Royaume des cieux, mais seulement ceux qui font la volonté de mon Père » (Mt 7.21). La lettre de Jacques — qui était, rappelons-le, le frère de Jésus — présente beaucoup de parenté avec la théologie du Sermon sur la Montagne. Cet appel de Jacques à mettre la foi en pratique, à vivre la Parole de Dieu comme une « loi parfaite qui donne la liberté » est un écho à ce que Jésus enseignait. Souvenons-nous de la parabole du fou et du sage qui veulent construire une maison (Mt 7.24-27) : fou celui qui écoute la parole et ne la met pas en pratique, sage celui qui l’écoute et la met en pratique. Il pourra résister aux épreuves du temps.

Pour Jacques, comme pour Jésus, les œuvres manifestent la bonne santé de la foi, dans la vie du croyant. Elles ne peuvent en aucune manière servir à mériter le salut, elles n’achètent pas la vie éternelle. Mais sans les œuvres, la foi devient une élucubration religieuse, un discours vide de sens, un narcissisme spirituel. Bref, elle est comme morte. 

On pourrait en dire autant de la vie des Églises. Qu’il s’agisse d’œuvres comme la Cimade, le CASP, l’Armée du Salut, la Fondation John Bost, l’ACAT, la Mission Populaire ou la Fondation La Cause : il est sain pour les Églises paroissiales que leurs membres y militent comme bénévoles ou qu’ils les soutiennent en leur donnant les moyens financiers de poursuivre leur mission. C’est signe d’une bonne santé spirituelle pour les communautés chrétiennes, lorsque leurs membres sont ainsi engagés au-delà de leur propre clocher. Il y aura du souci à se faire pour l’avenir des Églises lorsque nous verrons les croyants se replier dans leur chapelle pour écouter des enseignements, sans chercher à les mettre en pratique.

La Cause, depuis cent ans, a toujours eu ce souci de mettre la foi en pratique dans de multiples actions de solidarité, et de mettre en œuvre ce que Jacques appelle une « religion pure et authentique ». Et voici comment Jacques détaille le programme d’une telle religion : « prendre soin des orphelins et les veuves dans leur détresse » (Jq 1.27). Or, le département enfance et le département solos-duos de la Fondation La Cause sont deux des quatre actions majeures que développe cette œuvre depuis sa création en 1920. Les deux autres étant la solidarité avec les personnes aveugles ou malvoyantes et la diffusion du message évangélique au travers des éditions. 

Voilà un travail qui porte du fruit, depuis un siècle. Or le Seigneur n’a-t-il pas dit que c’est à ses fruits que l’on reconnaît la qualité d’un arbre ? (Mt 7.18)

Tant que les chrétiens de France, de Belgique et de Suisse donneront à la Cause les moyens de poursuivre sa mission, ce sera le signe qu’ils ont le souci de mettre en pratique la parole du Seigneur et qu’ils ambitionnent de vivre une religion authentique. 

Christian Bonnet, président de la Fondation La Cause.